Tetris : le jeu qui a influencé la culture pop et attisé la créativité.

Il était une fois

Connais-tu Aleksei Pajitnov ? Je te l’accorde, ce n’est pas le nom le plus facile à retenir. Cependant, tu connais à coup sûr son œuvre, le jeu le plus emblématique des années 1980. Nous sommes au début de cette décennie lorsque le jeune Aleksei est diplômé du centre informatique de l’académie des sciences de l’URSS.

Sur son Elektronika 60, il programme des jeux, de temps à autre. En 1984, il décide de transcrire un de ses jeux préférés à l’écran : Pentomino.

Des croches fermées représentent les blocs qui descendent le long d’une grille. Le but ? Les aligner pour faire disparaître la ligne et ainsi continuer à en entasser. Le nombre de briques détruites augmente le score et permet de comparer sa performance à celle du voisin.

Dès les premiers tests, les collègues de Pajitnov tombent amoureux du concept et du jeu. Un de ses amis, Vladimir Pokhillo, ayant demandé un exemplaire pour jouer à l’institut médical de Moscou verra la productivité de son service radicalement s’affaisser. Tous se mettent à jouer à la création de Pajitnov et cessent de faire leur travail. Même si son ami est lui-même fan, il ira jusqu’à effacer toutes les copies du jeu dans les ordinateurs dans l’académie de médecine.

Séduit par l’engouement provoqué, le créateur rêve d’exporter son bébé sur IBM PC, des ordinateurs personnels, extrêmement rares à l’époque. C’est Vadim Guerassimov, un lycéen de 16 ans, qui se chargera du portage. Résultat ? Il ajoute des couleurs et un tableau des scores.

Tetris-te ?

Pajitnov n’a alors qu’un rêve, exporter son jeu. Mais l’URSS est un pays communiste, et qui dit rouge, dit absence de propriété intellectuelle. De plus, les chercheurs n’étaient pas censés développer des jeux pendant leurs heures de travail. Alors, aidé par Brjabrin qui connaît le monde extérieur à l’URSS ils vont proposer le jeu à des éditeurs alors qu’en Pologne et Hongrie, des copies illégales du jeu circulent sur disquette.

Malgré ça, le jeu se retrouvera au CES (Salon de l’innovation et de la technologie) de Las Vegas en 1987, propulsé par la société Andromeda Software, éditeur britannique.

Les origines soviétiques du jeu sont un véritable frein à son exploitation dans une Amérique méfiante. Malgré tout, le jeu réussit à sortir en Californie à condition que ses graphismes soient adaptés. Étonnamment, la musique et les influences soviétiques ne sont pas gommées. Quelques années plus tard, c’est Nintendo qui veut récupérer les droits d’exploitation de la licence pour sa console, la Game Boy.

Suite à un malentendu, l’homme chargé de réaliser la transaction se rend dans les bureaux de l’ELORG, la toute nouvelle fédération russe pour la technologie qui accapare les droits du jeu et conclut un accord avec Nintendo. Bien des déboires plus tard, Pajitnov récupérera la propriété du jeu, enfin. Ouf.

Héritage culturel

Si tu n’en as pas conscience, Tetris est partout aujourd’hui. Rien que pour te dire, en 2014, Le Monde annonçait un projet de film adapté du jeu. Comment, pourquoi, personne ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il que le film est annoncé comme une grande trilogie SF et qu’il possède déjà sa page allociné.

Mais on peut déjà retrouver aujourd’hui nombre de clones plus ou moins avoués du célèbre jeu, comme Candy Crush Saga. La culture populaire adore faire des clins d’œil au jeu russe, comme dans Futurama, les Simpsons ou Family Guy. Impossible également de passer outre les produits dérivés du jeu, plus ou moins légitimes : Du bac à glaçon au mug en passant par le tee-shirt.

Graphisme & Gameplay

Les graphismes de Tetris n’ont que très peu changé en trente ans. Heureusement pour lui, il n’est passé que très furtivement par la carte « 3D des années 90 » (ceux qui ont connu cette glorieuse époque savent de quoi on parle) sur la Virtual Boy dont on ne retiendra pas grand-chose. Fait intéressant, c’est avec le dématérialisé que les copies du jeu se sont vendues comme des petits pains.

En effet, en 30 ans, « seulement » 70 millions de Tetris furent vendus. Sur mobile, ce ne sont pas moins de 420 millions écoulés. La différence est énorme et le jeu est actuellement disponible à environ 10 euros sur les plates-formes de téléchargement légales comme Steam.

Le système de jeu quant à lui n’a que très peu changé, de nouvelles améliorations ont été apportées.
Exemple : on te proposera de jouer avec un ami dans un mode Coopération ou si tu es certain d’empiler plus de briques que lui, n’hésite pas à te lancer dans une partie compétitive. De légères corrections ont également été apportées. À la genèse des jeux, il était possible de bloquer une brique en l’air pour l’empêcher de tomber, se donner le temps de réfléchir avant de la laisser à nouveau choir. On appelait ça l’Infinite Spin et c’était réalisable en matraquant le bouton de rotation de la brique.

Le saviez-tu ?

– Le thème musical bien connu de Tetris est en fait un arrangement de la chanson Korobeinki. Modifiée au synthé’, elle est désormais tellement connue que les droits la concernant sont acquis à la compagnie qui édite le jeu ;
– Une version live de Tetris a été réalisée par les petits suisses du projet Game Over. Elle a nécessité 88 figurants, 4h30 de prise de vue et plus de 880 images ! Le projet, qui a passé la barre des 10 millions de vue sur Youtube est déjà culte !

– Un des tenants des High-scores de Tetris n’est autre que… Steve Wozniac, cofondateur d’Apple ! Il était même tellement fort que Nintendo a décidé de ne plus publier ses scores pour laisser les autres joueurs s’illustrer. Alors, fourbe, le joueur a contourné la censure en épelant son nom à l’envers dans la console du jeu ;
– Tu l’as déjà lu, Tetris a été piraté dès sa sortie. Ce qui en fait… Le premier jeu de l’histoire à avoir été piraté !
– Tu peux dire à ton patron que tu rentres en cure Tetris ! En effet le jeu est connu pour aider à arrêter de fumer, perdre du poids et aide à se concentrer. Ça s’appelle l’effet Tetris et c’est connu depuis des années ! Bon, avec le recul, ça a été étendu à pas mal de jeux. Mais c’est toujours bon à savoir !